samedi 10 février 2007

Les "Assez!" de l'âme!

Vous connaissez Dominic Arpin? Il est trimbalé de tous les côtés depuis TQS, puis TVA, puis le Journal de Montréal, puis son blog, pour finir tout dernièrement dans un mur, enfin c'est presque pas une image, il est en burn-out le Dominic que veut la rumeur.

Je vous parle de lui mais je pourrais vous parler de mon septembre 2001, de l'an passé de ma Candide ou de la fatigue, du j'en ai plein le cul du va-trop-vite-comme je te pousse, commun à plusieurs, que la vie finit tôt ou tard par brusquement freiner avant qu'elle n'ait écouté leur corps et eu la sagesse de se freiner elle-même.

J'ai beaucoup appris de mon crash de septembre 2001. Aujourd'hui, pour rien au monde je ne donnerai ma santé mentale en échange d'une telle qualité de beurre sur un pain que je ne pourrais même pas avoir le temps de déguster. Pourtant, même si nous avons magistralement ralenti notre rythme de vie, la tête, elle, ne s'arrête pas aussi facilement.

J'ai souvent l'impression que toute l'évolution industrielle, le boum des naissances, l'éclatement des familles et la course à l'enrichissement personnel et pécunier est entrain d'étirer un élastique social qui ne demande qu'à péter. Les courriels plus vite que notre ombre, le paiement de facture par Internet, le dépôt direct, les guichets automatiques, les virements entre personnes, autant de moyens qui en plus de nous isoler socialement ont la capacité de libérer du temps que l'on donne souvent trop du côté du travail. Pire encore, tout ces moyens donnent l'illusion que nous pouvons jour et nuit accéder à toute sorte d'actions qui avant se réalisaient seulement à des heures précises.

La nouvelle préoccupation environnementale semble trouver une contradiction à la mesure de son format problématique. Les enjeux sont majeurs mais ils confrontent à la fois plusieurs points : pas dans ma cour, égoïsme générationnel, provinces économiquement gourmandes (pétroles albertains, gourmandise hydro-électrique québécoise) que nous empruntons à nos enfants, tandis qu'ils ne voient rien du ravage qu'on met sur leur dos. Pourtant, j'ai espoir dans cet état de suspension actuel. Le doute qui pèse. Une société qui se demande, qui se questionne, qui se confronte, qui s'interroge, qui sait, maintenant, que ses gestes ont un prix, même l'attente en a un.

En ce qui me concerne, je me rends compte que j'en suis au pied sur le frein, le levier de vitesse sur le neutre. Donner du gaz pollue, je préfère immobiliser plutôt que d'avancer sans savoir. Malheureusement, la société n'accorde pas beaucoup de valeur à l'immobilisme. Le mode "ralenti" commence à peine à en intéresser quelques uns. Pourtant, on devrait bien se rendre compte qu'à force d'obliger les politiciens à répondre sur le champ, ils deviennent de meilleurs menteurs, à force de demander des politiques "tu suite" on se ramasse avec une dette et des impacts négatifs à tout point de vue, et que notre désir d'information "drette là" a créé une télé poubelle qui divertie plus qu'elle n'informe vraiment.

Serait-il donc enfin venu le temps de s'arrêter, globalement, pour tout simplement avoir l'humilité collective de dire " Ouais! On est dans une sérieuse merde! Respirons un peu cet air irrespirable et prenons enfin le temps de mettre le doigt sur des solutions!" Accepter dans toutes les sphères de ma vie, donc, de ne pas avoir en ce moment, immédiatement, la réponse à tout. Ne pas être en mesure d'évoluer au même rythme que celui que la société choisie de ne pas freiner. Ne pas détenir la réponse, ni même la bonne question, mais tout simplement prendre le temps de réaliser que je peux nuire si je continue à suivre le rythme.

Il est faux de dire que "tout se règle...", c'est du "pareil au même" et "quatre trente sous pour une piasse". Nous habitons un pays en faillite dans ses livres, avec son plus haut taux de suicide et incapable de freiner la vertigineuse course sociale dans laquelle il est lancé. Nous ne pouvons changer le monde, nous pouvons à tout le moins accepter de freiner. Ensuite? Lancer la pédale à gaz suffisament loin le temps de se demander si les enfants ont vraiment envie de nous voir encore trouver LA solution. Mon espoir en ce moment réside dans cet arrêt social et le temps que nous mettrons à établir des solutions durables, dans le pays qu'est d'abord et avant tout notre propre famille, notre couple, notre enfant. Ensuite viendra la rue, le village, l'arrondissement et le pays.

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